Attention, le ton de cet article est volontairement provocateur et prête à polémique mais je suis ouverte à la discussion... ou pas ;o)
Bea Johnson est la personne qui m'a le plus pris la tête en ce début d'année 2014. Pas d'une manière négative, non, puisque j'admire ce qu'elle a réussi à mettre en place (je suis encore très loin de récolter l'eau de la douche dans un seau pour l'utiliser ensuite dans les toilettes) mais parce que je me suis interrogée sur ma réticence à agir comme elle, le "bicarbonate de soude pour se laver les dents" étant le symbole de mon blocage, l'ayant testé un jour et ayant trouvé le goût parfaitement immonde !
Mon credo : le minimalisme élitiste ;o) De beaux objets manufacturés par les meilleurs artisans européens, emballés comme ici dans une pochette en tissu et non dans du plastique et contenus dans des boîtes en carton et en cuir si belles qu'on n'a pas envie de s'en débarrasser !
J'étais prête à commander son livre Zero Waste Home quand je me suis mise à réfléchir, déjà parce que mon quota d'un achat par semaine était largement entamé (c'est sûr que ça aide à éviter les achats compulsifs), ensuite parce que je me suis souvenu que j'avais le livre No Impact Man de Colin Beavan qui n'a pas attendu la sortie de l'ouvrage de Ms. Johnson pour vivre avec un minimum de déchets ni pour faire ses courses dans des magasins de produits en vrac avec des bocaux.
Je vais finir par devenir raisonnable un jour...
Mon désir de consommation ayant disparu, je me suis interrogé sur ce qui me déplaisait dans toutes ces actions liées à l'écologie, à l'environnement et à la simplicité volontaire, pourquoi je freinais des quatre fers au lieu de me jeter dans l'aventure et d'où provenait ce sentiment diffus de rébellion qui grondait en moi alors que Colin Beavan et Bea Johnson montraient le bon exemple si ce n'est LE chemin à suivre ?
La réponse s'est imposée récemment à moi à Nanjing en Chine où pendant une semaine, j'ai grelotté de froid tous les jours dans ma doudoune dans des salles de réunions flambant neuves mais pas chauffées, avec des pauses-pipi sur des toilettes turques et des déjeuners à base de légumes-tofu-champignons-riz ou de tofu-riz-champignons-légumes. C'est là où j'ai compris que même si j'ai adoré chaque minute de ce voyage extraordinaire, j'appréciais mon petit confort et n'enviais en rien la rude existence de mes homologues chinois.
Je vous avais dit que j'étais une chochotte !
Bea Johnson ne vit pas dans le dénuement le plus total, elle non plus, puisqu'elle habite avec son mari et ses enfants dans une maison (chauffée en hiver, j'espère ;o)) d'une banlieue chic en Californie et qu'ils ont deux voitures, la télévision, une machine à laver, un réfrigérateur, un lecteur de jeux vidéos, etc., mais pour la bobo luxe que je suis, certaines de ses habitudes me laissent perplexe comme le fait de se chausser uniquement d'occasion (les chaussures se forment à notre pied et j'ai des doutes quant au côté hygiénique de la chose), de refuser d'acheter un élastique pour s'attacher les cheveux car elle en ramasse plein par terre dans la rue et de se limiter à une dizaine de vêtements par semestre (ce qui est très bien et que je devrais faire aussi sauf que je n'ai pas envie de donner mes pièces préférées tous les six mois), mais quid du maillot de bain ou du survêtement et les baskets de sport quand elle fait du jogging... Elle court en talons ou dans ses bottes fourrées ? Mystère.
Colin Beavan et Bea Johnson ont le mérite de nous expliquer leur manière de fonctionner mais je pense qu'il nous appartient d'adapter leurs préceptes à ce qui nous convient à nous et pas de les appliquer à la lettre. Je n'ai pas non plus besoin d'eux pour :
- Trier et recycler mes déchets (cf. taxe au sac poubelle ici. En Suisse, l'amende est salée si on ne joue pas le jeu : CHF 500.-/EUR 408.90 si on utilise un sac non taxé et CHF 1'000.-/EUR 817.70 en cas de récidive. Et ça ne rigole pas, ides policiers sont spécialement formés pour fouiller les poubelles)
- Privilégier les producteurs locaux et les marchés à la ferme. Je connais le nom et les adresses des agriculteurs qui produisent de la viande de porc et de volaille élevés en liberté, de boeuf nourri au foin et de veaux qui têtent sous la mère pendant une année au moins, des épiceries qui vendent du poisson du lac, etc. La question de la distribution - en vrac ou pas - ne se pose pas puisqu'elle va de soi : la vente se fait directement du producteur au consommateur. Parfois, on peut aussi cueillir ou récolter sur place ce dont on a besoin. En effet, il me semble plutôt vain de se limiter à refuser les emballages plastiques, même s'il faut un début à tout, si on se fournit chez les Hard Discounters où l'on ne sait pas comment ont été cultivés les fruits et les légumes et dans quelles conditions ont été élevés les animaux que l'on mange. Pour moi, la notion d'une "certaine" consommation éthique ("certaine" entre guillemets car oui, je mange des cadavres, m'habille avec leur peau, exploite les moutons pour la laine et les abeilles pour leur miel mais ne tiens pas à ce qu'ils soient maltraités de leur vivant pour autant) est aussi importante qu'une "certaine" forme de protection de l'environnement mais je ne condamnerai jamais les personnes qui ont un petit budget et n'ont simplement pas les moyens de faire autrement que de s'approvisionner dans les supermarchés. Qui suis-je d'ailleurs pour juger le comportement de mes semblables ?
- Refuser de m'habiller chez les géants du textile (H&M, Mango, Zara, etc.) toujours pour une raison éthique mais aussi environnementale : utilisation de fibres synthétiques, cuir de mauvaise qualité, utilisation de la fourrure d'origine inconnue sur les parkas, etc., sans compter le plagiat flagrant des créations des maisons de haute couture. Pour information, il n'y a jamais d'étiquette de prix ni d'emballage en plastique dans la confection haut de gamme ou de luxe. Puis, au vu des prix pratiqués, on ne peut acheter qu'en quantité limitée, ce qui est parfait d'un point de vue minimaliste ;o) Dans la mesure du possible, je vais aussi arrêter de commander en ligne, notamment mes vêtements coréens
- Laisser ma voiture à la maison et marcher quand je le peux pour aller depuis chez moi à mon travail ou au centre-ville (pas quand il pleut ou quand il fait un temps pourri, je ne suis pas maso), ce qui représente environ 10 km aller-retour
Etant donné que j'ai encore beaucoup de progrès à faire, que je suis bourrée de contradictions (mais qui n'en a pas ?) et que je crois à la théorie du "Learning by Doing", j'entame aujourd'hui une nouvelle catégorie, celle d'une action minimaliste par semaine, sur le modèle d'un achat par semaine. Mon but n'est pas de donner des conseils car il y a plein de blogs et de livres sur le sujet mais plutôt de les tester et de les évaluer à titre personnel.
Par minimalisme, j'entends l'action de réduire une chose à sa signification ou à son essence la plus simple. Elle peut se manifester en art (pictural, théâtral, musical, culinaire, etc.), en architecture (Mies van der Rohe) mais aussi au travers de tous les éléments qui composent le quotidien. Je préfère parler de minimalisme plutôt que d'écologie, de protection de l'environnement ou de simplicité volontaire qui ne sont pas mes préoccupations premières, même si certains aspects de mes expérimentations pourront s'en approcher.